Yasmina Khadra – Les vertueux (Pascale)

Yasmina Khadra, Les vertueux, 2023, 512 p

Résumé :

En 1914 en Algérie, alors française, Yacine est un jeune berger dans une région reculée et très pauvre. Il va partir à la guerre à la place du fils de Gaïd Brahim, le potentat local.

Il connaitra l’horreur de la grande guerre, mais aussi les amitiés indéfectibles liées aux combats, avec les autres soldats. A son retour il cherchera à retrouver sa famille, il vivra alors nombre d’aventures et de retournements de situation.

Avis : Ce roman dépeint l’Algérie des années 1914 à 1938. Le jeune Yacine va traverser cette époque en étant souvent victime d’injustices, puis secouru. Un grand roman d’aventures et très documentaire . Un petit bémol : il lui en arrive vraiment beaucoup à ce pauvre garçon et la fin est un peu « tout est bien qui finit bien » mais pourquoi pas.

Yasmina Khadra – L'outrage fait à Sarah Ikker (Dominique)

Yasmina Khadra, L’outrage fait à Sarah Ikker, 2019, 275 p.

Résumé :
Driss Ikker, lieutenant de police de la ville d’Alger est retrouvé dans un hôtel sordide de la ville en état de coma éthylique en compagnie d’une prostituée de bas étage.
Driss avait épousé Sarah Chorafa, fille du directeur de l’école de police et cette union lui a permis d’être intégré dans la police et de bénéficier de la protection des élites marocaines. Leur couple était sans histoire jusqu’au jour où Sarah fut retrouvée dans sa chambre, nue, attachée et sans connaissance, par son mari de retour d’une mission de trois jours à l’extérieur.

La vie d’Ikker va donc basculer et son obsession sera de retrouver coûte que coûte le violeur de sa femme qu’il aime tendrement. Son enquête obsessionnelle va lui faire côtoyer la pègre de Tanger mais aussi découvrir la turpitude de la classe dirigeante.

Commentaire :
On reconnaît bien le ton de Yasmina Khadra dans ce nouveau roman qui met en lumière le système de pouvoir des grandes familles et la corruption qui gangrène toutes les couches de la société marocaine.
Le ton du roman nous permet aussi de nous mettre au rythme du Pays avec ses lenteurs et ses incompréhensions et nous fait vivre la lourdeur administrative du système de répression. La totale irresponsabilité de chaque maillon entraîne forcément un pouvoir accru aux dirigeants et maintient la classe moyenne en état de sidération.

J’ai juste regretté que ce soit un « tome 1 » sans en être prévenue car le livre fini par un abrupte : à suivre.

Je me rappelle qu’Elise avait été choquée de ce même procédé à la sortie du livre de Daniel Pennac « le cas Malaussène » et, effectivement, c’est assez frustrant.

A suivre

Yasmina Khadra – Les agneaux du seigneur (invité : Dominique B.)

Yasmina Khadra, Les agneaux du seigneur, 1998, 215 p.

bm_cvt_les-agneaux-du-seigneur_8128Résumé :

A Ghachimat, petit village d’Algérie, tout le monde se connait. Les hiérarchies sociales et les traditions sont bien établies, chacun a sa place et son rôle : il y a le fou, le flic, le nain, l’oisif, le maudit et la belle Sarah. Les jalousies et les rancunes sont séculaires mais cachées. Il suffit du retour d’un enfant fanatisé pour que les haines ressortent et que les habitants basculent dans le crime.

 

Mon commentaire :

Je viens de relire ce livre qui date de 1998. Il s’inspire de la guerre civile qui a ravagé l’Algérie dans les années 90. Le livre montre bien comment cette guerre a pu naître, sur quel terreau l’extrémisme a prospéré. L’histoire est très réaliste et cynique : peu de convictions chez ces villageois, un peu d’ambition, beaucoup de rancoeurs et de haines ancestrales. Toute la hiérarchie des relations dans le village est minutieusement brossée, les personnages sont peints assez crûment et le basculement des rapports de force liés à l’arrivée d’un fanatisé amène inéluctablement au drame. C’est magistralement écrit.

Yasmina Khadra – L’attentat (Michèle)

Yasmina Khadra, L’attentat, 2005, 246 p.

cvt_lattentat_1539L’histoire :

Amine Jaafari est un chirurgien arabe, naturalisé israélien, qui vit à Tel-Aviv avec sa femme Sihem. Il s’est battu comme un lion pour devenir chirurgien et être accepté par les israéliens et, à ce jour, sa vie est réussie, il est heureux. Un attentat a lieu, tout près de l’hôpital où il travaille, alors il passe la fin de la journée à opérer les blessés puis rentre chez lui. Sa femme n’est pas rentrée d’un séjour à Nazareth lorsqu’un coup de téléphone le rappelle à l’hôpital. Il apprend que le kamikaze, qui s’est fait exploser dans un café quelques heures auparavant, n’est autre que Sihem, sa femme. Après une période d’incompréhension totale, commence pour Amine une quête pour trouver des réponses aux questions qui le hantent : pourquoi elle ? qui l’a entrainée dans cet enfer ? pourquoi n’était-elle pas heureuse avec lui ?

Mon avis :

Je ne voulais plus lire de romans sur la guerre au Moyen Orient, au Liban ou en Palestine, et voilà que je tombe sur ce petit livre (prêté par Dominique ?), qui me nargue…. Allez, ce sera le dernier. Bref, finalement, j’ai bien aimé. Ce roman a récolté plusieurs prix et j’estime que c’est mérité. Amine incarne un arabe « occidentalisé », qui, à cause de cet attentat, se trouve confronté à la guerre sans merci que se livrent les Palestiniens et les Israéliens. Il y retrouvera finalement ses racines. Le style de l’auteur (c’est un homme) est simple et percutant, l’écriture forte et sensible. La recherche de réponses d’Amine est prétexte à une analyse fine de la situation complexe de cette région. L’auteur sait décrire l’horreur de la perte brutale de la personne aimée, puis il met Amine dans le rôle de la victime alors que, pour ses voisins par exemple, il est le bourreau. J’ai préféré le roman d’Hubert Haddad, « Palestine », mais « l’attentat » est un peu de la même veine. Je recommande donc cette lecture, dont je suis pourtant sortie perplexe (qui a raison, qui a tort, la violence est-elle la seule solution ?????????).